Location interdite pour les passoires thermiques : ce qu'il faut savoir
Les passoires thermiques représentent un enjeu majeur pour les propriétaires français face à une législation de plus en plus stricte. Ce guide complet vous explique comment identifier une passoire thermique , respecter les obligations légales et sélectionner les travaux de rénovation énergétique les plus adaptés pour améliorer les performances de votre logement.
Passoires thermiques et DPE
Une passoire énergétique désigne un logement particulièrement gourmand en énergie, souffrant d'une mauvaise isolation et de performances médiocres. Ces habitations, généralement anciennes et mal entretenues, génèrent des factures de chauffage élevées tout en offrant un confort thermique insuffisant. Découvrez comment reconnaître et rénover une passoire thermique grâce à notre expertise en diagnostics.
Qu'est‑ce qu'une passoire thermique
Selon la passoire thermique définition officielle, il s'agit d'un logement classé F ou G au DPE , consommant plus de 330 kWh/m²/an. Ces habitations présentent typiquement une isolation défaillante, un système de chauffage obsolète et des infiltrations d'air, entraînant d'importantes pertes de chaleur.
On retrouve principalement ces passoires dans les bâtiments construits avant 1975, époque où les normes d'isolation étaient minimales. Ces logements comportent souvent des murs non isolés, des combles non aménagés, des fenêtres à simple vitrage et des chaudières anciennes fonctionnant au fioul ou au gaz.
Comment reconnaître son logement F ou G
Reconnaître une passoire thermique repose sur plusieurs signes caractéristiques d'une mauvaise performance énergétique. La loi oblige désormais les propriétaires à établir un diagnostic avant toute mise en location .
- Factures d'énergie élevées : Des dépenses de chauffage disproportionnées, dépassant fréquemment 1 500 €/an pour un appartement standard
- Inconfort thermique permanent : Froid persistant malgré le chauffage, surfaces murales froides, courants d'air sensibles
- Problèmes d'humidité visibles : Condensation sur les vitres, moisissures, traces d'humidité ou odeurs de moisi
Le DPE reste l'outil incontournable pour valider ces observations. Obligatoire pour toute transaction immobilière, ce diagnostic classe le logement de A (performant) à G (très énergivore), permettant d' identifier une passoire thermique de manière fiable.
Obligations du propriétaire et DPE
Les propriétaires doivent désormais respecter des obligations précises concernant la performance énergétique de leurs biens loués. Le DPE , valable 10 ans et réalisé par un expert certifié, devient un document contraignant.
Toute annonce de location doit obligatoirement mentionner la classe énergétique. Pour les logements classés F ou G, l'annonce doit inclure la mention "consommation énergétique excessive". Cette mesure protège les locataires contre des dépenses imprévues tout en responsabilisant les bailleurs.
Interdictions de louer et calendrier
La législation française a instauré par étapes des limitations concernant la location des logements les plus énergivores, transformant significativement le secteur immobilier locatif. Ces mesures visent à favoriser la rénovation énergétique des habitations sur le territoire national tout en protégeant les locataires contre des factures d'énergie prohibitives.
Quand ne plus louer un G
Depuis le 1 er janvier 2025, la mise en location de tout bien immobilier classé G est strictement interdite en métropole pour les nouveaux contrats. Cette interdiction de location DPE G concerne également les baux renouvelés ou tacitement reconduits à partir de cette date, empêchant ainsi la location de ces passoires thermiques sans rénovation énergétique préalable.
Les contrats en cours avant cette date demeurent valables, mais devront se conformer à la réglementation lors de leur renouvellement. Par exemple, un bail conclu en 2023 pour une durée de 3 ans pourra se prolonger jusqu'en 2026, mais son renouvellement exigera alors une amélioration du classement DPE si le logement était toujours catégorisé G.
Dans les départements d'outre-mer (Guadeloupe, Martinique, Guyane, La Réunion et Mayotte), l' interdiction de location des logements classés G prendra effet plus tardivement, le 1 er janvier 2028, accordant ainsi trois années supplémentaires aux propriétaires pour effectuer les travaux nécessaires dans ces territoires aux caractéristiques spécifiques.
Règles d'annonce et décence
La location des passoires thermiques fait désormais l'objet d'une réglementation stricte concernant les annonces et les conditions d'habitation. Chaque publication doit obligatoirement mentionner la performance énergétique du logement, avec une signalétique particulière pour les biens classés F ou G indiquant leur " consommation énergétique excessive ".
- Affichage impératif de l'étiquette DPE : Toute annonce doit clairement indiquer la classe énergétique du logement, précisant sa consommation en kWh/m²/an et ses émissions de gaz à effet de serre.
- Mention spéciale pour les F et G : Ces annonces pour logements énergivores doivent inclure l'avertissement " consommation énergétique excessive " pour informer les candidats locataires des coûts énergétiques élevés.
- Diagnostic valide obligatoire : Le propriétaire doit fournir un DPE réalisé par un professionnel certifié et transmis à l'ADEME, sous peine de nullité du bail.
Un bien classé G est désormais juridiquement considéré comme indécent, ce qui renforce les droits du locataire. Ce dernier peut exiger des travaux du propriétaire par lettre recommandée, et en cas de refus, saisir les autorités compétentes comme la commission de conciliation ou le tribunal.
Les sanctions pour non-conformité comprennent l'interdiction de louer, l'obligation de réaliser les travaux à ses frais, et potentiellement des dommages et intérêts versés au locataire. Il est donc crucial pour les bailleurs d'effectuer un diagnostic énergétique à jour et de programmer les travaux de rénovation nécessaires pour se conformer à la loi.
Passoires thermiques et échéances clés
Le calendrier réglementaire s'étale bien au-delà de 2025 avec des mesures qui seront appliquées progressivement à l'ensemble des habitations énergivores. Cette approche échelonnée donne aux propriétaires le temps de s'adapter tout en garantissant une amélioration continue du parc immobilier français.
Dates d'interdiction pour les F
En métropole, il sera interdit de louer les logements classés F à partir du 1 er janvier 2028 , soit trois ans après les passoires thermiques G. Cette mesure impacte un grand nombre de biens, ce qui demande une préparation rigoureuse pour éviter les vacances locatives.
- Métropole 2028 : À compter du 1 er janvier 2028, impossible de proposer à la location des biens classés F, que ce soit pour de nouvelles locations ou des renouvellements.
- Outre-mer : L'interdiction est reportée au 1 er janvier 2031 dans les DOM pour tenir compte des spécificités locales.
- Perspective 2034 : Les logements classés E seront concernés à leur tour en métropole, ce qui invite à planifier des rénovations plus ambitieuses dès maintenant.
Ce calendrier progressif incite les propriétaires à viser au-delà du strict minimum. Une rénovation qui ferait passer un logement de G à F en 2025 nécessiterait à nouveau des travaux en 2028. Il est donc judicieux d'opter directement pour une classe D ou C.
Si la vente reste permise quel que soit le DPE , ce diagnostic reste obligatoire et peut exiger un audit énergétique selon la classification du bien. Cette différence de traitement entre vente et location reflète la volonté de protéger les locataires, souvent plus vulnérables.
Anticiper les travaux et délais
Avec l'échéance des passoires thermiques en 2025 , il devient crucial d'anticiper. Les délais de rénovation ont tendance à s'allonger en période de forte demande, d'où l'intérêt de planifier ses travaux 1 à 2 ans à l'avance.
Une rénovation complète implique plusieurs étapes clés : réaliser un audit énergétique pour définir les priorités, demander des devis à des professionnels RGE, constituer les dossiers d'aides, obtenir les éventuelles autorisations, puis démarrer les travaux.
- Diagnostic : 2 à 3 mois pour l'audit, les consultations et la définition du plan de travaux
- Financement : 3 à 6 mois pour le montage des dossiers d'aides ( MaPrimeRénov' , éco-PTZ...)
- Réalisation : 2 à 6 mois selon l'ampleur des travaux et la disponibilité des artisans
Pour les copropriétés , les délais sont encore plus longs car certaines décisions (isolation extérieure, changement de chauffage collectif) nécessitent un vote en assemblée générale, qui peut prendre plusieurs mois.
Effets de la réforme DPE
La réforme du mode de calcul du DPE, qui prévoit notamment de réduire le coefficient électrique de 2,3 à 1,9 en 2026, pourrait améliorer certaines étiquettes. Ce changement bénéficiera principalement aux petits logements chauffés à l'électricité, souvent pénalisés jusqu'ici.
Environ 850 000 logements pourraient ainsi quitter leur statut de passoire thermique , essentiellement des surfaces inférieures à 20 m². Les propriétaires concernés pourront obtenir gratuitement leur nouvelle étiquette via l'ADEME dès janvier 2026.
Loyer et passoires thermiques
Les habitations classées passoires thermiques font désormais l'objet d'une réglementation stricte sur les loyers, motivant les propriétaires à entreprendre des travaux de rénovation énergétique . Ces dispositions protègent les locataires tout en encourageant l'amélioration de la performance énergétique des logements.
Comprendre le gel des loyers
En vigueur depuis août 2022, le gel des loyers DPE F et G interdit toute hausse de loyer lors d'un changement de locataire ou du renouvellement de bail pour les passoires énergétiques . Cette mesure offre une protection concrète contre les augmentations liées à une mauvaise isolation .
- Blocage des augmentations : Aucune hausse possible entre deux locations ni lors du renouvellement pour un logement classé F ou G.
- Suspension de l'indexation : L'ajustement annuel basé sur l'indice des loyers (IRL) ne s'applique plus aux passoires thermiques.
- Risque de sanctions : Tout non-respect de cette règle expose le propriétaire à des poursuites.
Ce dispositif s'accompagne d'une interdiction progressive de location , créant une double contrainte pour les propriétaires : impossibilité d'augmenter leurs revenus et risque de ne plus pouvoir louer leur bien. La rénovation devient ainsi indispensable pour maintenir la rentabilité d'un investissement locatif.
Comment sortir du gel
La nouvelle loi sur les passoires thermiques propose des solutions concrètes aux propriétaires souhaitant améliorer leur bien. En relevant le classement DPE , ils retrouvent la liberté de fixer leur loyer et valorisent leur patrimoine.
- Isolation en priorité : Traiter les combles et la toiture, sources de 25 à 30% des déperditions de chaleur.
- Amélioration des murs : Isolation thermique intérieure ou extérieure selon les possibilités techniques.
- Modernisation du chauffage : Remplacement des anciennes chaudières par des systèmes plus performants.
- Optimisation des fenêtres : Pose de menuiseries à haute performance énergétique.
Les aides comme MaPrimeRénov', les primes énergie ou les éco-prêts permettent de réaliser des économies substantielles sur les travaux, à condition de faire appel à des professionnels certifiés RGE et de respecter les normes techniques en vigueur.
Transformer une passoire thermique en un logement performant demande une véritable démarche globale, bien plus ambitieuse qu'une simple mise aux normes. En visant directement les classes D ou C du DPE, vous protégez l'avenir de votre bien face aux évolutions réglementaires tout en maximisant les économies d'énergie et le confort des occupants. Nous vous invitons à consulter notre guide pratique pour une rénovation réussie.
Rénover une passoire vers E ou D
Améliorer l'efficacité énergétique d'un logement classé passoire thermique va bien au-delà d'une obligation légale - c'est un investissement judicieux qui anticipe les futures contraintes tout en valorisant votre patrimoine immobilier.
Objectif : sortir de E durablement
Si les biens classés E restent louables jusqu'en 2034, des restrictions supplémentaires pourraient apparaître selon les territoires. Le gel des loyers DPE E pourrait s'étendre, rendant stratégique d'engager dès maintenant des travaux de rénovation énergétique approfondis.
- Anticiper la réglementation : Atteindre les classes D ou C évite des chantiers ultérieurs et sécurise votre activité locative
- Profiter d'aides renforcées : Les rénovations performantes donnent accès à davantage de subventions et crédits d'impôt
- Valoriser votre bien : Un logement économe se loue plus facilement, avec une meilleure rentabilité
- Améliorer l'attractivité : Le confort thermique et les économies sur les factures deviennent des arguments clés pour les locataires
À noter : l'ajustement prévu du coefficient électrique en 2026 pourrait reclasser automatiquement certains petits logements chauffés à l'électricité, mais cette mesure ne concernera qu'une minorité de biens.
Gains rapides et limites
Une passoire thermique cumule généralement plusieurs problèmes structurels exigeant une approche globale. Les correctifs ponctuels, bien que moins coûteux, montrent vite leurs limites et peinent à faire progresser significativement le DPE.
Certains ajustements techniques (réglage de chaudière, robinets thermostatiques) peuvent réduire de 5 à 10% la consommation, mais restent insuffisants pour changer de classe sans travailler sur l'enveloppe du bâtiment.
La priorité absolue reste donc l'isolation : commencer par la toiture et les combles (25-30% de gain potentiel), puis traiter murs extérieurs, planchers et fenêtres. Cette progression optimise à la fois le coût et l'efficacité énergétique, avec des résultats visibles sur le nouveau diagnostic.
Rénovation et aides à la rénovation
Transformer un logement énergivore en une habitation performante nécessite une stratégie de rénovation bien pensée et une utilisation astucieuse des différentes aides financières. Cette approche garantit des économies d'énergie substantielles tout en optimisant votre investissement.
Priorités techniques pour rénover
Pour une rénovation énergétique efficace, il est crucial de suivre une progression logique. L' isolation du logement doit absolument précéder le changement du système de chauffage , sous peine de devoir installer un équipement surdimensionné.
- Toiture et combles : Optez pour une isolation performante avec de la ouate de cellulose ou des panneaux rigides de minimum 30 cm d'épaisseur
- Murs extérieurs : Privilégiez l'isolation par l'extérieur (ITE) pour supprimer les ponts thermiques, ou par l'intérieur avec un pare-vapeur si impossible
- Planchers bas : Une isolation adaptée s'impose, en traitant au préalable les problèmes d'humidité
Une fois l' isolation optimisée, vous pouvez moderniser votre installation : pompe à chaleur, chaudière haute performance, système de ventilation mécanique et régulation thermique intelligente.
Financer et prouver les gains
De nombreuses aides publiques existent pour alléger le coût des travaux , à condition de faire appel à des professionnels certifiés RGE et de respecter les normes en vigueur.
MaPrimeRénov' constitue le dispositif principal, son montant dépendant de vos revenus et des économies d'énergie envisagées. Les primes CEE viennent en complément, notamment pour certains équipements spécifiques. L'éco-PTZ couvre le reste à payer sans intérêts, tandis que la TVA réduite à 5,5% s'applique à la plupart des chantiers d'amélioration énergétique.
Pour officialiser les progrès accomplis, un nouveau DPE doit être établi après les travaux (ou une attestation via l'Observatoire DPE-Audit à partir de 2026). Ce document certifie l'amélioration de la performance énergétique de votre logement , essentielle si vous souhaitez le mettre en location conformément à la réglementation.
Foire aux questions
Pour identifier une passoire thermique , faites réaliser un diagnostic DPE par un professionnel certifié. Ces logements énergivores présentent des signes révélateurs : des factures de chauffage anormalement élevées (souvent plus de 1 500€ par an), une sensation permanente de froid même avec le chauffage en marche, des murs froids au toucher, de la condensation sur les vitres ou des traces d'humidité. Un bien est officiellement classé comme passoire thermique lorsqu'il obtient les notes F ou G au DPE, ce qui indique une consommation supérieure à 330 kWh/m²/an.
À partir de 2025, la location sera interdite pour tous les logements classés G au DPE, que ce soit pour une nouvelle mise en location ou un renouvellement de bail. En métropole, cela concerne environ 600 000 habitations. Les logements classés F seront à leur tour interdits en 2028, puis les E en 2034. Dans les DOM, l'interdiction des G interviendra en 2028 et celle des F en 2031. Les propriétaires devront donc engager des travaux de rénovation énergétique s'ils souhaitent continuer à louer leur bien.
Une passoire thermique est un logement très mal isolé et classé F ou G au diagnostic DPE. Ces habitations, extrêmement énergivores, consomment plus de 330 kWh/m²/an - soit trois fois plus qu'un logement correctement isolé. Les déperditions de chaleur se produisent principalement par le toit, les murs, les fenêtres et le sol, entraînant une performance énergétique médiocre, un réel inconfort pour les occupants et des factures de chauffage excessives. On estime à 4,8 millions le nombre de ces logements en France, principalement construits avant 1975.
